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Comment réussir des Khinkali parfaits à la maison

Si chaque foyer italien maîtrise l'art des raviolis, la Géorgie, elle, offre sa réponse élégante et savoureuse : les khinkalis. Ces « sacs » de pâte fine, savamment plissés et coiffés d'une toupie caractéristique, renferment une farce incroyablement juteuse et un bouillon aromatique. Nés dans les régions montagneuses de Géorgie, ils ont conquis bien au-delà du Caucase. La recette classique utilise de l'agneau et des herbes, mais les variations sont infinies : d'autres viandes, fromage, pommes de terre, champignons ou fruits de mer. L'art réside dans la pâte et le pliage, qui restent identiques.

Laissez-vous guider par le chef Irma du restaurant géorgien Faisan de Colchide pour maîtriser cet emblème de la cuisine géorgienne et éblouir vos convives.

1. De quoi a-t-on besoin ?

Aujourd'hui, nous préparons les khinkalis « kalakouri » (citadins), les plus répandus, plus gros que des raviolis. Cette recette donne environ 40 pièces.

Pour la pâte (sans œufs – version classique) :

  • 1 kg de farine de blé T55 (ou type 65)
  • 500 ml d'eau très froide (voire glacée)
  • 4 cuillères à soupe d'huile végétale neutre (tournesol, pépin de raisin)
  • 2 cuillères à café de sel fin

Pour la farce ultra-juteuse :

  • 1,2 kg de viande mélangée (ex: 50% bœuf, 50% porc) ou d'agneau, sans tendons
  • 400 g d'oignon (environ 2 gros oignons)
  • 4 gousses d'ail
  • 1 gros bouquet de coriandre fraîche (ou persil plat)
  • 1 cuillère à café bien bombée de Khmeli-Suneli (mélange géorgien)
  • 1 cuillère à café de poivre noir moulu
  • 1 cuillère à café bombée de sel (à ajuster)
  • 1 pincée de thym séché
  • 1 pincée de cumin moulu (zira)
  • 200 ml d'eau tiède (30-35°C)

Option : Pâte avec œufs (plus riche et solide)

  • 750 g de farine (~6 tasses)
  • 2 œufs
  • 375 ml d'eau glacée (~3 tasses)
  • 5-6 cuillères à soupe d'huile
  • 2 c.à.c. de sel

2. Le processus pas à pas

Vous pouvez commencer par la pâte ou la farce, les deux doivent reposer.

A. Le pétrissage : le secret d'une pâte élastique

  1. Tamisez la farine dans un grand saladier. Formez un puits au centre.
  2. Dans un bol, dissolvez le sel dans l'eau glacée.
  3. Versez l'eau salée petit à petit dans le puits en incorporant la farine du centre vers l'extérieur avec une fourchette.
  4. Ajoutez l'huile. L'huile empêche la formation d'un gluten trop fort, garantissant une pâte souple qui ne se déchirera pas à la cuisson.
  5. Pétrissez à la main sur un plan fariné pendant 10 à 20 minutes. Vous pouvez faire des pauses de 10 minutes pour détendre la pâte (et vos bras !). Le résultat doit être une boule lisse, élastique, non collante.
  6. Formez une boule, enveloppez-la de film alimentaire et laissez-la reposer au réfrigérateur 30 minutes.

B. La farce : l'art du bouillon intérieur

  1. Hachage : Contrairement aux raviolis, la viande ne doit pas être une purée. Hachez-la grossièrement au couteau (méthode traditionnelle) ou utilisez un hachoir avec la grille la plus large. Astuce : Placez la viande coupée en dés au congélateur 30 min pour faciliter le hachage.
  2. Légumes : Hachez très finement les oignons (au mixeur pour plus de jus) et la coriandre. Écrasez l'ail.
  3. Assemblage : Dans un grand bol, mélangez la viande, les oignons, l'ail, la coriandre et toutes les épices. Salez généreusement.
  4. Le liquide crucial : Ajoutez l'eau tiède petit à petit en mélangeant énergiquement à la main. L'eau froide figerait le gras, l'eau bouillante cuirait la viande. La consistance finale doit être homogène et crémeuse, comme une crème épaisse.
  5. Couvrez la farce et laissez-la reposer à température ambiante 30 min pour que les saveurs se marient.

C. Le pliage : la signature des khinkali

  1. Sur un plan bien fariné, divisez la pâte en 4. Étalez chaque partie en un disque d'environ 1,5 cm d'épaisseur.
  2. À l'aide d'un emporte-pièce rond ou d'un verre (diam. ~8 cm), découpez des cercles.
  3. Étalez finement chaque cercle en un disque d'environ 10-12 cm de diamètre et 2 mm d'épaisseur maximum. Le centre doit être légèrement plus épais que les bords.
  4. Placez 1,5 cuillère à soupe de farce au centre. Ne graissez pas les bords.
  5. Le geste magique : En partant de la droite, pincez un petit bout de la bordure entre le pouce et l'index de la main gauche. Avec la main droite, ramenez un pli de pâte vers ce premier pincement et soudez-le. Continuez ainsi, en formant des plis réguliers et en tournant le khinkali, jusqu'à refermer complètement le « sac ». Vous devez obtenir une toupier solide au sommet. Traditionnellement, on fait le plus de plis possible (jusqu'à 20-32). Pour débuter, 8 à 10 plis suffisent.
  6. Soulevez délicatement le khinkali par sa toupie pour faire descendre la farce et créer une poche d'air en haut, essentielle pour le bouillon.

3. La cuisson

  1. Portez à ébullition un grand volume d'eau fortement salée (comme l'eau de la mer) dans une large casserole.
  2. À l'aide d'une écumoire, créez un tourbillon (vortex) dans l'eau.
  3. Prenez les khinkali par la toupie et déposez-les délicatement dans l'eau bouillante. Ne surchargez pas la casserole.
  4. Lorsqu'ils remontent à la surface (toupie vers le haut), comptez 8 à 10 minutes de cuisson à petits bouillons.
  5. Égouttez-les soigneusement avec une écumoire.

4. Le service et la dégustation : un rituel

Servez brûlants, directement sur un grand plat partagé. Saupoudrez généreusement de poivre noir fraîchement moulu.

L'accompagnement :

  • Pas de ketchup ! L'accompagnement traditionnel est simple : des quartiers de citron ou une sauce au yaourt/crème fraîche à l'ail.
  • Servez avec des herbes fraîches (coriandre, aneth), des cornichons ou des pickles.
  • Boissons : Une bière fraîche ou un verre de tchatcha (eau-de-vie géorgienne) sont des accords parfaits.

Comment les manger (la règle d'or) :

  1. Saisissez le khinkali par la toupie avec les doigts.
  2. Retournez-le et croquez un petit bout de la pâte sur le côté pour aspirer le délicieux bouillon chaud.
  3. Savourez ensuite le reste, en laissant la toupie (trop épaisse) dans l'assiette. C'est votre compteur de gourmandise !

5. Les erreurs fréquentes et comment les éviter

Farine non tamisé - Pâte grumeleuse, moins élastique.

Tamisez toujours - la farine pour l'aérer.

Mauvais ratio eau/farine - Pâte trop molle ou trop dure.Respectez le ratio 1:2 (500 ml d'eau / 1 kg de farine).

Farce trop finement hachée - Texture de pâté, moins juteuse. Hachez grossièrement la viande.

Pas assez d'oignon - Khinkali secs, manque de jus. 350 g d'oignon par kg de viande est la clé.

Eau trop froide/chaude dans la farce - Gras figé ou viande cuite. Utilisez de l'eau tiède (30-35°C).

Pâte trop épaisse (>4mm) - Bouchée pâteuse, cuisson incomplète. Étalez finement, max. 2 mm au centre.

Pâte trop fine (<1mm) - Khinkali qui éclatent à la cuisson. La pâte doit être solide, ne forcez pas.

Oublier la poche d'air - Pas de bouillon à l'intérieur.Soulevez le khinkali par la toupie avant cuisson.

Ne pas créer de vortex - Khinkalis collés au fond.Tourbillonnez l'eau avant de les plonger.

Manger la toupie - Morceau de pâte trop dense et cru. Laissez-la dans l'assiette !

La touche finale du chef Irma

« Le secret ultime est dans le geste, la patience et la générosité des épices. Mais si l'envie de chefs expérimentés vous prend, nos portes au Faisan de Colchide sont grandes ouvertes. Venez goûter nos khinkali, où chaque pli raconte une histoire de Géorgie. »